Les Saints Fondateurs

Saint François de Sales « Apôtre de l’Unité »

« Dieu qui est un, aime l’unité et l’union, et tout ce qui n’est point unit ne lui est point agréable » (sermon de la Fête de la Visitation 1621). Toute l’œuvre de cet évêque et fondateur de l’ Ordre de la Visitation avec Sainte Jeanne de Chantal est marquée par cette certitude « Dieu aime l’ Unité » et par ce souci de prêcher et d’agir pour établir ou rétablir l’Unité. Il vivra une foi qui se traduit dans la vie sociale. Il met l’accent sur l’appel universel à la sainteté « où que nous soyons, nous pouvons et devons aspirer à la vie parfaite » et sur un christianisme qui se distingue avant tout par l’art de la prière. François de Sales fut d’abord un homme de Dieu, au rayonnement communicatif.

Originaire de la petite noblesse campagnarde de la Savoie, terre alors indépendante, François a rapidement développé ses qualités humaines indéniables lors de ses études d’humanité et de droit à Paris, puis Padoue. En lui, sérénité et douceur viennent d’une force intérieure puisée au feu du combat spirituel. Homme de relation, en 1612, il livrera cette confidence éloquente à Jeanne de Chantal : « J’ai dit au sermon qu’il y avait 10 ans que j’avais été consacré, c’est à dire que Dieu m’avait ôté à moi-même pour me prendre à Lui et, puis me donner au peuple. C’est à dire qu’il m’avait converti de ce que j’étais pour moi à ce que je fusse pour eux » et lorsque le Roi et l’Archevêque de Paris voudront le retenir dans cette ville, il avouera « ne pas vouloir être démarié d’une pauvre femme pour en épouser une autre plus riche ».

François découvre et ne cessera de nous faire découvrir la véritable liberté de l’homme. L’homme doit totalement épouser son humanité, il doit mettre en  jeu la totalité de ses possibilités de vie, de connaissances, d’actions, de relations humaines. Il doit employer sa liberté à se construire vrai homme. « Je suis tant homme que rien plus » disait Saint François de Sales. « Mais celui-ci ne se réalise vraiment que dans un  double mouvement d’amour partant de notre cœur, point de rencontre de Dieu pour nous, avec nous, en nous et de nous pour Dieu ».

La foi en la grâce collaborant avec notre liberté, fait de François un optimiste au cœur du monde. Il nous invite sans cesse à contempler en Jésus, le Verbe incarné, prototype de toute  humanité. Sa capacité d’amitié, son affection affectueuse porté à chacun étonne. C’est qu’il a adjoint sa riche affectivité au cœur  même du Christ. Avec Lui chacun se voit unique, respecté. A travers Lui, quelque chose de l’Amour de Dieu se donne à voir.

Son ami Saint Vincent de Paul a pu dire de lui :  »Il était l’homme, en son temps, qui ressemblait le plus à Jésus ».

Ce prophète de l’Amour qu’est Saint François de Sales nous propose un chemin divin à  hauteur d’homme « Tout faire par Amour et rien par force ».


Sainte Jeanne de Chantal

Sainte Jeanne de Chantal nommait François « son Bienheureux Père » car il fut dans une admirable amitié, l’ interprète respectueux et le guide  éclairé de sa conscience. Nous aimons l’évoquer parce que son itinéraire a été extraordinairement riche. Jeanne de  Chantal a vécu, en suivant avec ferveur les simples chemins de la foi, les étapes de la vie d’une femme qui rayonne de sagesse humaine et spirituelle.

Jeune fille, épouse, mère, veuve….en peu d’années, elle a connu la joie et l’épreuve. Elle a mûri par le don d’elle même. Dans l’épanouissement d’un couple qui s’aime et de la maternité, elle a développé sa foi et mis en pratique la charité en soignant les malades et en apportant de l’aide aux pauvres. Meurtrie par la mort de son époux, la souffrance l’a marquée encore de bien des manières. Elle a su la difficulté du pardon, l’inquiétude pour l’avenir de ses enfants. D’autres deuils l’ont douloureusement frappée. Et même, il ne faut pas l’oublier, à toutes les étapes de sa vie, Jeanne de Chantal s’est vue ébranlée dans sa foi - le doute et l’obscurité l’ont saisie au moment de tracer sa voie, dans une réelle souffrance. La Sainteté est traversée de ces combats!  Elle affirmera sa résolution de se donner toute entière au Seigneur « dans une toute simple confiance ». Elle poursuivra son chemin en s’appuyant sur le pur amour de Dieu. En Dieu elle trouve la Paix.

Puis voici que Jeanne prend le chemin de nos montagnes, dans l’Esprit même de la Vierge de l’Annonciation se rendant auprès  d’Élisabeth. Elle est soumise à la Parole du Salut, toute adorante du Verbe Incarné, elle rend grâce pour les « merveilles de Dieu ». Elle est prompte à exercer une charité humble et quotidienne. Elle est prête à fonder avec François de Sales, LA VISITATION.

Mère Jeanne de Chantal établit la Visitation avec douceur et sûreté. Elle « enracine l’union » dans l’amour mutuel, l’humilité, la simplicité, la pauvreté. Ayant « tout remis à Dieu », revêtue de Notre Seigneur crucifié » (St Fr de S -lettre MCCV),  elle est une incomparable maîtresse d’oraison, oraison toute cordiale et intime, amenant ses Sœurs et bien d’autres personnes à connaitre, comme elle-même une grande liberté intérieure…