Soeur Marie-Marthe

Sœur Marie-Marthe CHAMBON

en prière (1841-1907) d’après les souvenirs d’un témoin

Née le 6 mars 1841 à la Croix Rouge près de Chambéry, baptisée le même jour.

 Décédée en odeur de Sainteté le 21 mars 1907.

Une pauvre selon le Cœur de Dieu

« Bienheureux les pauvres en esprit, le Royaume des Cieux est à eux » Mt 5,3

De la pauvreté subie à la pauvreté choisie pour mieux aimer Jésus

6 mars 1841 : Françoise Chambon nait à la Croix Rouge, petit hameau en bordure de Chambéry, dans une famille très pauvre (on dirait aujourd’hui « en dessous du seuil de pauvreté »). La maison où elle vit le jour, c’est à dire une misérable cahute au toit de chaume et au sol de terre battue, existe toujours. Une plaque commémorative a été posée le 15 septembre 2012 à l’initiative des Sœurs de la Visitation de Marclaz. Françoise est l’aînée d’une sœur et de six frères (dont un mort au berceau). Bien que très pauvres des biens de ce monde, les parents de Françoise sont riches des valeurs du cœur humain et de la foi chrétienne qu’ils savent transmettre à leurs enfants : droiture, bonté, honnêteté, sens du travail, piété solide ; pas question de prendre le petit déjeuner sans avoir dit la prière ! 

Régulièrement Françoise participa à la prière du chapelet chez sa tante ou au chemin de Croix de la paroisse (actuelle église de Lémenc). C’est là que Jésus vient la rejoindre et l’appeler déjà à vivre dans son mystère d’abaissement et de pauvreté. C’est au cours d’un chemin de Croix le Vendredi-Saint, (elle a 8 ou 9 ans) qu’elle voit pour la première fois Jésus attaché à la Croix, tout couvert de sang, tout déchiré « selon ses propres dires ». Aucune parole dans cette vision mais un ardent désir de Le suivre. Jésus grandit dans son cœur. Pour prouver à Jésus son amour, rien ne lui semble trop difficile : elle demande à sa mère comme une faveur de prendre sa soupe sans beurre…, elle se lève la nuit pour prier jusqu’à ce qu’on l’oblige à se recoucher. C’est aussi une façon à elle de se préparer à recevoir pour la première fois Jésus dans la communion eucharistique – une préparation que vont parfaire sa tante et le curé de la paroisse : ces éléments de catéchisme seront les seuls qu’elle possèdera jusqu’à son entrée au monastère. Elle n’aura jamais le loisir d’apprendre à lire et à écrire durant son enfance pauvre et laborieuse.

8 septembre 1850 : Le grand jour de sa première communion arrive.  Ici, une nouvelle faveur sera déterminante pour toute sa vie : elle voit l’Enfant Jésus qui lui promet de lui tenir compagnie et de la visiter ainsi à chaque communion. Pour qualifier les bienfaits de la communion eucharistique, elle se contente de dire : « on a le paradis dans le cœur ! » Un paradis qui ne la quitte pas lorsqu’elle travaille aux champs pour aider ses parents : « nous étions toujours ensemble », dira t-elle, en parlant de ses relations avec l’Enfant Jésus. Déjà on voit se dessiner les grands attraits de sa vie.

Pauvreté de Jésus dans la crèche, dans sa vie cachée à Nazareth. Pauvreté de Jésus dans l’Hostie. Pauvreté de Jésus sur la Croix : richesse infinie contenue dans sa Passion, dans ses Saintes Plaies qui sont comme des paroles silencieuses de son Amour rédempteur pour chaque âme : les entendre et les transmettre voilà le trésor de la petite Françoise que Jésus va lui dévoiler tout au long de sa vie. Un trésor qu’elle veut nous faire partager encore aujourd’hui.

L’appel à la Visitation de Chambéry « Je voulais n’être occupée que de Lui, ne penser qu’à Lui »

Admise au Tiers Ordre de St François d’Assise (1861), elle choisit finalement d’entrer à la Visitation de  Chambéry en février 1862 où la Supérieure l’admet comme aspirante au rang des sœurs converses, c’est à dire parmi les sœurs chargées des travaux domestiques et du Pensionnat du monastère.

Le 29 avril 1863, après 9 mois de postulat, Françoise Chambon recevait avec le voile blanc le nom de Marie-Marthe, si bien approprié à celle qui devait devait unir au labeur quotidien incessant, une rare intensité de vie intérieure, selon l’expression de ses premières biographes.

Le 2 août 1864, en la Fête de Notre Dame des Anges, Sœur Marie-Marthe se lie irrévocablement à Jésus par la Profession religieuse. Elle a 23 ans.

L’épreuve d’une voie peu commune. Le sceau de l’obéissance

A partir de mai 1866, Dieu se manifeste à Sœur Marie-Marthe de façon extraordinaire accompagné par la Vierge Marie, les Anges et de nombreux Saints.Tantôt, ce sont des visions, paroles intérieures qu’elle transmet fidèlement à ses deux Supérieures successives : Mère Marie-Alexis Blanc et Mère Thérèse Eugénie Revel.

Cette voie peu commune durera 25 ans environ. Épreuve pour Sœur Marie-Marthe, pour son humilité, cette voie peu commune est aussi une épreuve pour le discernement de celles qui la dirigent. S’appuyant sur les conseils de sages guides spirituels, Mère Eugénie Revel et Mère Marie-Alexis Blanc acceptent par obéissance de recueillir fidèlement par écrit ce que leur transmet Sœur Marie-Marthe de la part du Seigneur. Mais les Sœurs de la communauté ne sauront jamais rien !… sinon qu’elles remarqueront la piété profonde de Sœur Marie-Marthe, son activité étonnamment débordante au pensionnat, à l’entretien des pièces du monastère et au jardin : elle faisait le travail de 2 sœurs, disait-on en parlant d’elle. Et puis … elle avait gardé ses défauts naturels qui, en « exerçant » ses sœurs parfois, cacheront toujours les dons exceptionnels.

Au début du 1er cahier,(il y en aura 4) Mère Eugénie Revel écrit ceci : « Dieu semble avoir choisi cette humble fille pour renouveler la Dévotion aux Saintes Plaies de Notre Seigneur, les faire valoir en les offrant continuellement pour la conversion des pécheurs et le soulagement des âmes du Purgatoire. Les Saintes Plaies lui sont montrées de manière sensible, aux yeux de son âme tous les jours, plusieurs fois ».

Jésus semble vouloir l’associer plus étroitement à sa Passion. En septembre 1866 Sœur Marie-Marthe, à la demande de Jésus, obtient de sa Supérieure la permission de passer ses nuits en prière, auprès du Tabernacle ou dans sa cellule, allongée sur le plancher avec un silice et une couronne d’épines. Cela lui est accordé après beaucoup d’épreuves et de signes qui confirment la volonté expresse de Jésus.

18 avril 1867 : Jésus demande à Soeur Marie-Marthe la communion journalière.

En septembre 1867, lorsque en Savoie sévit une nouvelle épidémie de choléra, la prière des Saintes Plaies demandée par Jésus est mise sous la forme de « rosaire des Saintes Plaies » par les Supérieures (1868). C’est aussi à cette époque que Jésus demande l’ Heure Sainte du vendredi pour honorer ses cinq Plaies.

25, 26, 27 septembre 1867 : triduum de grâces. Sœur Marie-Marthe reçoit des révélations sur le mystère de la Trinité, la Crèche et la Croix.

 17 octobre 1867 : Soeur Marie-Marthe scelle son offrande aux Saintes Plaies pour le monde entier et le bien de sa communauté entre les mains de sa supérieure Thérèse-Eugénie Revel :

« Je, Soeur Marie-Marthe Chambon, promets à Notre-Seigneur Jésus-Christ de m’offrir tous les matins à Dieu le Père, en union avec les Divines Plaies de Jésus Crucifié, pour le salut du monde entier et pour le bien et la perfection de ma Communauté. Je l’adorerai dans tous les coeurs qui le reçoivent dans la Sainte Eucharistie… Je le remercierai de ce qu’Il veut bien venir dans tant de coeurs qui sont si peu préparés.

« Je promets à Notre-Seigneur d’offrir toutes les 10 minutes – avec le secours de sa grâce et en esprit d’obéissance – les Divines Plaies de son Sacré Corps au Père Eternel… d’unir toutes mes actions à ses Saintes Plaies, selon les intentions de son Coeur adorable, pour le triomphe de la Sainte Eglise, pour les pécheurs et les âmes du Purgatoire, pour tous les besoins de ma Communauté, ceux du Noviciat, du Pensionnat et en expiation de toutes les fautes qui s’y commettent. Tout ceci par amour, sans obligation de péché (en cas d’oubli). ’Père Eternel, je vous offre les Plaies de Notre Seigneur Jésus-Christ pour guérir celles de nos âmes’. Telle est la formule de cette offrande.

   22 et 23 octobre 1867 : La confirmation de la Dévotion des Saintes Plaies au sein de l’Ordre de la Visitation est donnée à Soeur Marie-Marthe en plusieurs visions.

  25 janvier 1869  au mois de septembre 1873 : Soeur Marie-Marthe ne vit que de l’Eucharistie. Ce sera  son seul aliment pendant 4 ans.

12 juin 1874 : Les stigmates extérieurs lui sont données.

1893-1907 : Les dernières années de sa vie Soeur Marie-Marthe connait l’épreuve de la nuit, le silence de Dieu – ce qui ne ralentit pas sa ferveur ni son activité. C’est le temps du silence des semailles, de l’enfouissement…

13 février 1907 : elle reçoit l’Extrême onction et vit l’offrande de 5  semaines d’une maladie très douloureuse. Le 21 mars 1907, Jésus vient la chercher aux premières vêpres de la Compassion.

Après ses funérailles le 23 mars, l’inhumation a lieu au cimetière de la ville puis, quelques années plus tard, dans la chapelle de Notre Dame des Sept Douleurs à Lémenc. Aujourd’hui ses restes reposent à la Visitation de Marclaz.

« Si le grain de blé ne meurt… il reste seul, s’il meurt il porte beaucoup de fruits » (Jn12,249). Ces trésors de la Passion de Jésus, Sœur Marie-Marthe veut nous les partager encore aujourd’hui. N’est-ce pas ce que Jésus lui à promis ? Écoutons et méditons en notre cœur ce qu’Il lui disait :

« Je t’ai choisie pour faire valoir les mérites de ma Sainte Passion pour tous ; mais je veux que tu sois toujours cachée. A Moi de faire connaitre plus tard que c’est par ce moyen que le monde sera sauvé et par les mains aussi de ma Mère Immaculée ».